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L'ÉCOUTE ÉMOTIONNELLE

La culpabilisation

Pourquoi ce sentiment désagréable vient-il nous polluer l’esprit ?

Un peu comme un moustique qui viendrait voler autour de notre tête, histoire de nous embêter, de nous empêcher de dormir.
Le sentiment de culpabilité ( ou culpabilisation ) nous ronge, nous fait ruminer, nous garde éveillé la nuit….
C’est un petit coquin, ce sentiment, qui vient pile poil quand on … s’y attend … parce qu’on se connaît ! En effet, nous savons quand nous allons culpabiliser dans la majorité des cas. Pourtant, cela ne nous empêche pas de continuer à suivre les mêmes schémas….
Souvent, on se dit, après coup, qu’on n’aurait pas dû culpabiliser autant. On se répète que la prochaine fois, on fera attention à moins se mettre “ la rate au court bouillon ”. Ça ne fonctionne jamais, et ce malotru revient, constamment, nous faire profiter de sa présence inconvenante.

Une petite mise au point

Il est important de bien faire la différence entre la culpabilité et la culpabilisation.
Le premier définit l’état d’une personne qui est coupable. C’est un fait, la culpabilité est là, assumée, prouvée, etc.
Le second est un sentiment, en nous, qui nous envahit souvent de manière totalement infondée, et qui nous pollue l’esprit.
Alors bien évidemment, nous n’allons pas parler ici de la culpabilité mais bien de la culpabilisation.
Je vais vous démontrer que nous pouvons contrôler cet état et qu’il ne tient qu’à nous de ne plus ruminer quotidiennement ces fameux “j’aurais dû”.
Cela renvoie un peu à ce que j’avais écrit à propos de la “ petite voix saboteuse ”.

Prenons quelques exemples pour bien éclairer votre lanterne :

Ces exemples ont été cités par les membres du groupe d’échanges : Existons sans réserve.

  • La nourriture : j’ai envie d’un hamburger. Je vais donc m’en acheter un que je vais manger goulument et avec plaisir sur le moment. Et après ? … Je vais culpabiliser toute la soirée ( voire toute la nuit ) et même “ m’affamer ”pour  » “ rattraper ” cet écart.

    Pourquoi ?

    Parce que je vais grossir. Je ne me plairai plus. Par conséquent, je ne plairai plus aux autres. Je renverrai l’image d’une personne qui se laisse aller, ce que je ne veux surtout pas !! ( Oui, en plus d’être un moustique, le sentiment de culpabilité est un grand dramaturge. Il augmente notre stress par ses visions grandiloquentes de conséquences disproportionnées ).

  • Mes collègues de travail m’ont fait une réflexion. Maintenant, je culpabilise car je ne me sens pas à la hauteur.

    Pourquoi ?

    Parce que cela montre aux autres une personne que je ne suis pas. Je ressens ça comme une injustice. Je me dis également que j’aurais pu en faire davantage pour qu’ils se rendent compte de ma vraie valeur.

  • J’ai crié sur mon enfant car il ne faisait que des bêtises et je l’ai envoyé réfléchir dans sa chambre. Maintenant j’ai de la peine et je culpabilise.

    Pourquoi ?

    Parce qu’il va croire que je ne l’aime pas, ou que je suis méchant(e), ou pire, que je suis un(e) mauvais(e) mère/père. Ce n’est pas du tout l’image que je souhaite lui véhiculer.

  • Mince ! J’ai fait une erreur, une faute et j’ai peur qu’on me gronde. J’estime que c’est grave et cela me fait culpabiliser.

    Pourquoi ?

    Parce que je ne veux pas que l’on croit que je l’ai fait exprès, ou que je suis une mauvaise personne, ou que je suis nulle. Ce n’est pas le “ vrai moi ”, ce n’est pas l’image que je souhaite montrer aux autres.

  • Mon mari/ma femme a le don pour me faire culpabiliser dès que je ne vais pas dans son sens.

    Pourquoi ?

    Parce qu’il/elle argumente en s’appuyant sur des défauts qu’il/elle a repéré chez moi. Pourtant, ceux-ci ne correspondent pas à mes valeurs. Ce n’est pas l’image que je veux renvoyer car je ne suis pas comme ça.

  • Je culpabilise d’être une privilégiée dans ce monde alors qu’il y a tellement d’inégalités, de pauvreté, …

    Pourquoi ?

    Parce que je ne me sens pas légitime. J’ai honte de ce que je possède par rapport à certains, je me sens petite dans ce monde.

Ceci est bien évidemment déclinable à l’infini, donc je vais m’arrêter là mais vous avez bien compris l’idée.

Alors que faire ?

Si nous analysons tous ces exemples, que remarque-t-on ?

À chaque fois, il s’agit de l’image que nous renvoyons à l’autre qui est mis en cause :

– L’exemple de la nourriture nous démontre que c’est pour plaire aux autres, pour qu’ils aient une belle image de nous.

– En ce qui concerne le travail, c’est pour être “ bien vu ”, reconnu à sa juste valeur.

– Avec nos enfants, c’est pour être considéré comme un bon parent, quelqu’un d’aimant, quelqu’un de bien.

– Lorsqu’on fait une erreur, on pense davantage aux conséquences que cela pourrait avoir par rapport à l’image qu’on va renvoyer à cause de cette erreur plutôt qu’aux conséquences de l’erreur elle-même. Cela peut paraître égoïste, mais c’est humain. C’est là qu’entrent alors en jeu nos valeurs (mais ceci est un autre débat).

– Les disputes conjugales sont l’exemple type de la relation à l’autre et de l’image de soi à travers les yeux de l’être aimé. L’être aimé a des facilités à nous faire culpabiliser. Il joue sur notre peur de l’abandon : peur bien ancrée dans le cerveau humain pour énormément de personnes.

– Le fait de culpabiliser d’être différent de la majorité de la population qui habite cette planète relate une sorte de “ non
légitimité ” : pourquoi eux et pas moi. Dans tous les cas, la comparaison à l’autre est bien présente.

Tout ceci pour vous dire que le fait de culpabiliser relate surtout d’un manque d’adéquation avec nous-même.
C’est comme une petite alarme qui se réveille et vient nous embêter dès que nous ne sommes pas aligné avec nos valeurs, notre jugement, nos croyances, notre corps, les autres, …

Alors que dois-je faire ?

Je prends ce sentiment comme un cadeau, un feedback, un retour de la vie qui nous donne un conseil.
Cette culpabilisation, ce sentiment nous dit qu’il nous manque “ un truc ” : un petit quelque chose, un besoin non assouvi, un manque latent, en nous, que nous devons analyser.

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